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Validisme

Le concept de validisme a été traduit de l’anglais ableism et introduit en France aux débuts des années 2000 par le militant handi autonomiste Zig Blanquer. Au Québec, c’est le mot capacitisme qui est plus communément employé.

Le validisme caractérise l’oppression systémique d’un groupe de personnes, justifiée par ce que celles-ci peuvent ou ne peuvent pas faire avec le corps ou l’esprit, en référence à des capacités physiques, cognitives ou communicationnelles arbitrairement naturalisées comme normales, principales, supérieures ou indispensables. Le validisme classe et hiérarchise la diversité corporelle tout en estimant que des êtres sont incomplets, défaillants ou à réparer, que leurs vies sont intrinsèquement peu désirables. Ainsi, l’ensemble des discours et dispositifs qui structurent le validisme produisent-ils des dynamiques de discrimination et d’exclusion qui peuvent aller jusqu’à l’eugénisme.

En tant que système, le validisme traverse et façonne tous les espaces – mentaux, physiques, communicationnels – de la vie en société. Il construit et conserve les fonctionnements sociaux ajustés aux modes d’être, de pensée, de circulation de la majorité dominante. Cette majorité peut parfois/a pu autrefois être appelée valide, d’où le terme validisme.

La suprématie valide s’est construite et se maintient à l’intersection d’autres systèmes de domination et d’exploitation : sexisme, classisme, racisme, grossophobie, spécisme. On peut subir le validisme ponctuellement, de manière plus ou moins durable, ou en permanence. Il est possible d’en être victime sans pour autant être reconnu·e officiellement comme personne en situation de handicap.

L’émergence politique des luttes anti-validistes en France date des années 1960-70. En 1958, a été fondé le Centre des Paralysés étudiants (CPE). D’abord proche de l’Association des Paralysés de France, le CPE rompt après mai 68, notamment pour des désaccords quant à l’approche charitable prônée par l’association. Dans les années 70, naîtront le Comité de lutte des handicapés (CLH) et le Mouvement de défense des handicapés (MDH), une refondation du CPE.

Fondé en 1973, le Comité de lutte des handicapés se différencie considérablement par un discours et des revendications marquées par le modèle social du handicap, qui défend l’idée que c’est l’organisation sociale qui produit la situation d’handicap. Marqué à l’extrême-gauche le collectif est très porté sur l’action et défend par ailleurs la convergence des luttes. Il établit des liens étroits avec le Groupe information asile (GIA) – qui lutte contre la psychiatrisation – et le Comité d’action des prisonniers (CAP). Le CLH publie le journal « Handicapés méchants ».

Ce texte a été rédigé par des étudiant·es du master Études sur le genre

À écouter :

Attention ! Handicapée méchante. Une femme par-delà le handicap. Ces deux épisodes de l’émission Une histoire particulière sont consacrés à Élisabeth Auerbacher, l’une des fondatrices du CLH.  

Un podcast à soi, « Les femmes handicapées ne sont pas considérées comme des femmes »

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