Catégories
Concepts

Disability Studies

Les disability Studies désignent les études universitaires qui examinent le handicap par rapport aux facteurs sociaux, culturels et politiques, souvent au croisement de disciplines variées en sciences sociales, en médecine et droit. Les disability studies émergent aux États-Unis et dans le monde anglophone principalement pendant les années 1980, et il faut attendre les années 2000 pour qu’elles deviennent en France un champ d’étude à part entière.

Dès les années 1960, les États-Unis sont marqués par une vague de contestation sociale et notamment par le Civil Rights Movement qui jette les bases d’autres mouvements sociaux y compris le mouvement pacifiste, des femmes et des personnes handis. Comme souvent dans les women’s studies de l’époque (on préfère l’appellation plus englobante d’études sur le genre actuellement), les disability studies démontrent une porosité avec le monde militant. Leurs contributeur·ices sont souvent atteint·es d’un handicap et y parlent de leurs propres expériences.

En France, le mouvement handicap existe dès les années 1970, mais n’a pas l’envergure de celui qui se développe aux États-Unis. Élisabeth Auerbacher, jeune étudiante en droit atteinte d’une malformation de la colonne vertébrale, co-crée cependant le Comité de lutte des handicapés et le journal Handicapés méchants.

L’objectif des disability studies en sciences sociales est de produire des recherches académiques afin de rompre avec la stigmatisation du handicap qui, dans les imaginaires, a longtemps véhiculé les notions de vulnérabilité, d’incapacité et d’infirmité. Il est aussi question de démontrer, selon la théorie de Mike Oliver (1945-2019), sociologue britannique et militant handi, comment le handicap est vécu comme une expérience sociale collective et non individuelle, car nos sociétés sont imprégnées du modèle social du validisme.

Les disability studies sont également liées à la réflexion féministe. L’une des pionnières de cette pensée serait Susan Wendell qui rédige un article fondateur en 1989 “Toward a Feminist Theory of Disability”. En 1996, elle reprend ses idées dans The Rejected Body: Feminist Philosophical Reflections on Disability, où elle met en lumière le silence des féministes sur les questions handi et la nécessité de les visibiliser.

En France, un ouvrage de 1998 dirigé par Nicole Diederich dévoile les pratiques de stérilisation forcée ainsi que des violences sexuelles que des femmes handicapées mentales ont subies, démontrant le lien entre discrimination, genre et handicap.

Plus récemment les études queer se sont unies avec les disability studies pour donner naissance aux crip studies. L’appellation est une réappropriation de l’injure en anglais états-unien crip (personne handi). En 2019, Alison Kafer publie Feminist, Queer, Crip, un ouvrage universitaire qui démontre les multiples identités des personnes handis articulées par le biais des théories de justice environnementale et reproductrice, la théorie cyborg, les politiques transgenres et celle sur le handicap.

Ce texte a été rédigé par des étudiant·es du master Études sur le genre

#disabilitystudies #cripstudies #genreethandicap