Les personnes sexisées* handicapées font l’objet de formes de domination exacerbées par la double oppression organisée par le validisme et par le sexisme. La théorie intersectionnelle met en effet en évidence que les oppressions se cumulent et se croisent, créant des situations uniques et complexes vécues au quotidien par les personnes concernées.
Pourtant, les analyses de cette double oppression demeurent rares, y compris au sein des études sur le genre. En outre, le mouvement #metoo et les événements qui ont suivi ont peu diffusé la parole des femmes handis. C’est en partant de ces constats que des femmes se sont regroupées pour faire reconnaitre l’existence des femmes handicapées et rendre visible les réalités qui leur sont propres dans la sphère publique. C’est le cas des Dévalideuses et du Collectif Lutte et Handicaps pour l’Égalité et l’Émancipation (CLHEE).
Les personnes sexisées handicapées sont davantage exclues du marché du travail et exposées au chômage que les hommes handicapés, ce qui implique une dépendance économique plus forte et un maintien dans la sphère privée plus fréquent. Si la déconjugalisation de l’Allocation Adulte Handicapée (AAH) en octobre 2023 a permis de renforcer l’indépendance financière des personnes handicapées, elle demeure faible et induit une précarité.
Ces éléments renforcent la vulnérabilité et la situation d’infériorité des femmes handis, d’autant plus lorsque les personnes sont enfermées dans les institutions spécialisées. En 2016, une étude de l’Observatoire National de la Délinquance et des Réponses Pénales a montré que les personnes sexisées qui courent le plus de risques d’être victimes de violences conjugales sont celles de moins de 25 ans qui se trouvent en situation de handicap. À cela s’ajoute que ces victimes ont des difficultés importantes pour déposer plainte, en termes d’accessibilité, mais également de prise en compte de leur parole.
Les femmes handis sont également sujettes à des stéréotypes touchant leur sexualité : dans l’imaginaire collectif, elles sont vues comme des êtres asexués et non désirés. Elles subissent dès lors un moindre accès aux cabinets de gynécologie et à une éducation à la vie affective et sexuelle.
De plus, pour les femmes en situation de handicap, le choix de devenir mère est encore socialement mal considéré et mal accompagné. On note l’intériorisation de l’idée qu’il serait incongru de désirer devenir parent, mais des recherches ont aussi souligné la fréquence des pratiques qui consistent à décourager les femmes vivant avec un handicap d’avoir des enfants. Ce déni du droit des femmes handicapées à un choix au regard de la maternité trouve son fondement dans une vision du rôle maternel défini par la capacité à accomplir seule certaines tâches domestiques et de soins. Ces situations de discriminations se retrouvent dans des parcours de PMA ou d’adoption, tandis que dans certains états des politiques de stérilisation forcée des femmes handicapées sont mises en œuvre.
Ce texte a été rédigé par des étudiant·es du master Études sur le genre
* Personnes sexisées : femmes, personnes trans’, non-binaires et/ou non hétérosexuelles
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