Le concept d’intersectionnalité a été introduit dans les luttes féministes par l’afroféminisme.
Il désigne originellement la façon complexe dont le racisme et le sexisme se croisent et interagissent entre eux.
Le mot lui-même apparaît pour la première fois en 1989 dans un article universitaire rédigé par Kimberlé Crenshaw, juriste américaine. L’article est traduit en français seulement en 2005, date à partir de laquelle cet outil est utilisé dans les espaces universitaires et militants.
L’analyse avait précédé le fait de nommer le concept. Cet outil avait été mobilisé par exemple par Sojourney Truth, ancienne esclave noire américaine, en 1851, lorsqu’elle évoquait le fait qu’étant noire, elle n’était pas perçue comme une femme (Ain’t I a woman ?) et subissait ainsi une discrimination spécifique, distincte de celles subies par les femmes blanches ou par les hommes noires.
Il avait également été utilisé par l’écrivaine afro-américaine bell hooks pour remettre en cause les mécanismes de domination au sein du mouvement féministe et rendre visibles les revendications spécifiques aux femmes à l’intersection de plusieurs oppressions.
Il ne s’agit pas d’additionner ou d’empiler les critères de discriminations mais d’en analyser les effets conjugués, de manière, notamment, à lever les contradictions qui pourraient se faire jour entre différentes analyses, par exemple entre classe et race ou entre genre et race.
Le champ de l’intersectionnalité s’est aujourd’hui élargi à de nombreuses formes d’oppressions et de discriminations liées à l’orientation sexuelle, le genre, le handicap etc., ce qui donne lieu à des critiques de la part de mouvements afroféministes, ces derniers considérant que le concept est indissociable de la question raciale et qu’il est aujourd’hui récupéré par des organisations majoritairement blanches.