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Bicatégorisation par sexe / binarité

La bicatégorisation par sexe consiste à classer les êtres humains en deux groupes pensés comme « groupes naturels », universels et anhistoriques, et est censée refléter une réalité biologique.

Or, à partir des années 1980 des scientifiques remettent en cause le système binaire. Anne Fausto-Sterling, elle-même biologiste, évoque “cinq sexes” en mettant en avant l’existence de personnes intersexes et l’importante variété d’anatomies sexuelles.

En outre, de nombreux travaux d’anthropologie ou d’histoire montrent que la définition du sexe varie selon les cultures et les périodes étudiées et qu’elle ne repose pas systématiquement sur une stricte dichotomie.

La question même des marqueurs de sexe se pose et a évolué dans l’histoire de la sexologie : sexe génital (pénis / vagin), sexe gonadique (testicules / ovaires), sexe hormonal (testostérone / œstrogène), sexe chromosomique (XY / XX) ou caractères sexuels secondaires (pilosité, poitrine etc.), sachant que pour une même personne, l’étude des différents marqueurs ne la classe pas nécessairement dans le même sexe.

Ainsi la critique de la bicatégorisation ne consiste pas à rejeter la biologie mais à déconstruire sa supposée « évidence » qui a notamment pour conséquence de justifier aujourd’hui encore la pratique par des médecins d’opérations pour « normaliser » les organes génitaux des enfants intersexes, entraînant des mutilations génitales.

Un autre modèle consisterait à penser en termes de continuum du sexe, même si celui-ci s’appuie toujours sur deux catégories situées aux extrémités, la masculinité et la féminité. Une alternative serait de reconnaître la fluidité de genre, qui désigne le fait pour une personne de voir son genre varier au cours du temps, ce qui implique un rapport changeant au corps, au sexe et à la sexualité.