Avant d’être revendiqué, avant d’incarner une identité à part entière, le mot « queer » était utilisé comme une insulte à l’encontre des personnes considérées hors de la norme, hors de la binarité dominante et imposée. Ce terme anglophone qui signifie « bizarre », « déviant·e », « étrange » est donc employé pour stigmatiser toustes celleux qui ne seraient ni hétérosexuel·les, ni cisgenres (en accord avec le genre qui leur a été assigné à la naissance), en ce qu’il s’oppose à « straight », que l’on traduit en français par « droit », ou « hétérosexuel·le ».
Mais dans le courant de la deuxième moitié du XXe siècle, aux États-Unis, le mot queer se transforme en un outil servant à s’autodéfinir – en réaction, notamment, à une identité gay, blanche, bourgeoise normalisante – et les militant·es du mouvement Queer Nation (organisation militante LGBTQI+ fondée par quatre membres d’ACT UP à New York, en 1990) le font entendre lors des manifestations en lien avec la pandémie du sida, en scandant le slogan « We are here! We are queer! Get used to it! », soit « Nous sommes là ! Nous sommes queer ! Habituez-vous ! »
Viendra alors le temps des queer studies et de la queer theory avec des autrices comme Judith Butler ou Monique Wittig, qui remettent en question la binarité de sexe, de genre, les normes hétérosexistes et visent à déconstruire ces modes de pensée déterminés par une vision masculine et hétéro, dominante et excluante en somme.
Dans cette continuité, l’écologie queer refuse la dualité construite par les humains, tendant à opposer nature et culture, les humain·es et le reste du vivant, le vivant et le reste de la nature, partant du principe que l’idée même de nature a été conçue par les humain·es, selon elleux, selon leur conception de ce qu’est la nature. En s’appuyant sur les études des sciences naturelles, la philosophie, les études sur le genre, et les réflexions écoféministes, l’écologie queer propose de nouvelles observations relatives à l’analyse des différentes interactions des êtres vivants entre elleux et avec le milieu dans lequel iels évoluent. Ce faisant, elle amène à réfléchir sur les similitudes qui existent entre l’exploitation de la nature et des groupes sociaux marginalisés, invite à penser la nature et les relations au-delà des schémas binaires hétéronormatifs, et à construire les luttes pour la justice environnementale avec les personnes queer.
Ce texte a été rédigé par les étudiant·es du master Études sur le genre