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Femmes et politique, vote et élection

L’histoire politique contemporaine est marquée par l’exclusion des femmes de la sphère politique. En France, la démocratie s’est construite sans les femmes, voire contre elles. Ce n’est qu’en 1944 qu’elles obtiennent le droit de vote et d’éligibilité. Cette exclusion trouve son fondement dans la séparation entre les domaines public et privé, « recoupant la division entre le masculin et le féminin » ; le pouvoir étant associé au masculin. Ces représentations impactent l’engagement des femmes en politique et contribuent à leur marginalisation. 

À partir de 1944, la différence de comportement électoral entre les femmes et les hommes devient l’objet d’études et engendre le concept de votinggender gap (1966). En France, l’étude de ces comportements par Janine Mossuz-Lavau et Mariette Sineau (1978) a permis de distinguer « trois âges du gender gap ». De 1945 aux années 1970, les femmes votent moins que les hommes et sont plus conservatrices. Entre 1970 et 1980, la différence de comportement électoral entre les femmes et les hommes s’atténue. Les femmes votent autant que les hommes et s’orientent vers les partis de gauche. À partir des années 1980, la participation des femmes augmente et elles apparaissent plus progressistes. 

La variable de sexe dans l’analyse des comportements électoraux fait actuellement l’objet de critiques. En effet, d’autres variables sociologiques apparaissent plus pertinentes et le risque d’essentialisation du vote féminin est souligné. Dans l’article Mind the gap ! De la variable sexe au genre des comportements électoraux (2018), Catherine Achin et Sandrine Lévêque encouragent ainsi une approche intersectionnelle dans l’étude de ces comportements électoraux. 

Si les femmes sont éligibles depuis 1944, elles restent moins nombreuses que les hommes dans l’exercice du pouvoir exécutif et législatif. Face à ce constat, une loi sur la parité voit le jour en 2000. Ce principe de parité a eu des effets positifs dans les scrutins de liste, surtout aux niveaux local et européen. Néanmoins, lors de ces élections, les femmes sont rarement têtes de liste. Aux élections législatives et présidentielles, la part des femmes candidates et élues reste très minoritaire. Force est de constater un recul du nombre de femmes à l’Assemblée nationale lors des dernières élections législatives, en 2022 et en 2024. 

Au sein des gouvernements, si les femmes ont progressivement fait leur entrée, les hommes sont davantage nommés à des ministères régaliens (l’Intérieur ou l’Économie) et les femmes à des ministères considérés comme moins prestigieux (l’Écologie ou les Solidarités). 

Les différences de comportement ou les inégalités entre les femmes et les hommes en politique mettent surtout en exergue une socialisation politique genrée. Selon Carole Pateman (2010), « la citoyenneté politique est patriarcale, fondée sur un universalisme abstrait qui pose le masculin en norme de référence ».  

Malgré leur marginalisation dans la sphère publique, les femmes ont néanmoins développé à travers l’histoire d’autres formes d’engagement politique dans les mouvements sociaux, les associations et les collectifs militants.

Ce texte a été rédigé par des étudiant·es du master Études sur le genre

Références