L’écoféminisme est un terme introduit pour la première fois en 1974 par la française Françoise d’Eaubonne. Cependant, cette idée commence à prendre racine bien avant, dans le monde anglophone où l’idée s’est développée jusqu’à former un courant indépendant.
L’écoféminisme est un courant d’éthiques environnementales qui pose au centre de sa réflexion la question des relations de genre et de domination dans l’approche de la protection environnementale. Jeanne Burgart-Goutal présente ce mouvement comme une nébuleuse composée des luttes antinucléaires des années 70 aux États-Unis, du féminisme radical, de l’écologie sociale ou encore politique, parfois marxiste ou anarchiste venant de la spiritualité féministe ou des réflexions postcoloniales. Le souci central et commun à tout cela est de penser, pour savoir comment réagir, la manière dont les différentes formes de dominations sont reliées et agissent. Toujours selon cette autrice, l’écoféminisme est « l’imbrication indissociable de l’écologie et du féminisme […]. C’est une véritable arme de déconstruction massive ».
Ce mouvement de pensée ayant pris racine dès les années 1960, y compris avec la scientifique Rachel Carson qui soulignait dès 1962 dans son livre Silent Spring les effets nuisibles des pesticides, ainsi que la préoccupation constante des femmes pour l’environnement. Cette époque remet également en cause une approche de la nature dominée par l’homme, par une analogie avec la domination masculine sur les femmes.
L’écoféminisme est donc un mouvement multiforme qui se compose de différentes branches et de différentes pratiques. Globalement, deux courants majoritaires en ressortent. Le premier est dit « matérialiste », s’inspirant des théories de Marx. Les pionnières comme Françoise d’Eaubonne, Vandana Shiva ou encore Maria Mies s’inscrivent dans cette approche et s’attachent à chercher des solutions sur le terrain pour lutter contre l’impact du changement climatique sur les femmes. Le deuxième courant principal, quant à lui, est davantage « spirituel ». La figure emblématique de celui-ci est Starhawk, qui promeut la réappropriation du corps des femmes par les femmes et des liens avec la nature.
Pour Jeanne Burgart-Goutal, philosophe spécialiste du mouvement, il ne faut pas réduire l’écoféminisme à : d’un côté, l’écologie qui lutte contre une société de consommation débridée infligeant des dégradations fatales à l’environnement et, d’un autre côté, le féminisme qui lui combat la persistance les inégalités de genre. Certes chacun de ces mouvements s’attaquent au système capitaliste et patriarcal, mais l’écoféminisme lutte contre les logiques de profit qui mènent à l’épuisement des ressources naturelles ainsi qu’à l’exploitation des femmes comme main-d’œuvre bon marché. Ce mouvement relie les questions d’écologie et de justice sociale au sens large. C’est donc un mouvement large et intersectionnel, encore trop peu connu dans nos sociétés occidentales, et qui continue de faire son bout de chemin afin de sensibiliser le plus grand nombre à sa cause.
Ce texte a été rédigé par les étudiant·es du master Études sur le genre