Dans son livre Le féminisme ou la mort (1974), considéré comme le premier lieu d’apparition du terme « écoféminisme », Françoise d’Eaubonne (1920 – 2005) prône le « non-pouvoir », une solution aux maux de l’humanité. Le « non-pouvoir » constitue ce qu’elle appelle une société au féminin. Chez d’Eaubonne, il existe des valeurs masculines et féminines, socialement construites, loin de se constituer comme des essences prétendument naturelles des hommes et des femmes. Cette militante écoféministe est une lectrice de Beauvoir qui nous expliquait dans Le deuxième sexe (1949) “qu’on ne nait pas femme, on le devient”.
Pour d’Eaubonne, le masculin est davantage associé à la destruction. Les valeurs féminines, bien que dévalorisées dans nos sociétés, sont associées la vie et à la conservation. Elles seraient les seules qui permettraient de lutter contre la destruction de la terre.
Cette recherche du “non-pouvoir”, ne doit pas être confondue avec une prise du pouvoir par les femmes. D’Eaubonne milite pour l’égalité des sexes, souhaitant que les humains soient traités comme des personnes avant d’être perçus comme des mâles ou des femelles. Les valeurs féminines doivent être partagées entre hommes et femmes pour lutter contre le patriarcat.
D’Eaubonne expose que nos sociétés masculinisent les femmes pour éviter que la planète se féminise. Cependant, certaines féministes contribuent à cette tendance. En prônant par exemple l’égalité salariale et non l’abolition du salariat, elles alimentent un fonctionnement productiviste. Ces féministes prennent alors leur oppresseur comme modèle, répétant les logiques qu’elles souhaitaient initialement combattre. D’Eaubonne milite donc pour l’égalité et la préservation du vivant dans une posture anticapitaliste.