Le concept d’illimitisme patriarcal a été développé par la pionnière française Françoise d’Eaubonne (1920-2005), à l’occasion de sa théorisation sur l’écoféminisme en 1974.
La question de la croissance, à la fois démographique et économique, est au cœur d’un monde régi par des valeurs patriarcales. Dans les sociétés capitalistes dans lesquelles nous vivons, l’illimitisme se caractérise par deux aspects principaux : la surpopulation et l’épuisement des ressources naturelles.
En effet, le patriarcat, en tant que système institué de l’hégémonie masculine, se traduit par la domination des hommes sur les femmes mais également sur la nature. En ce sens, le « phallocratisme », terme utilisé par Françoise d’Eaubonne dans son ouvrage Le féminisme ou la mort, renvoie à « une structure mentale ET à un fait politique et social historiquement daté, nécessité très probablement de la mainmise de l’homme sur l’agriculture jusque-là domaine des femmes » (p.114). La notion de phallocratisme justifie d’une part, ce rapport de subordination exercé par les hommes à l’encontre des femmes et de la nature et d’autre part, cautionne cette volonté avide du pouvoir « mâle » de s’approprier ces deux sources de vie.
En lien avec cet asservissement des femmes, l’oppression du système mâle sur la procréation – Françoise d’Eaubonne parle de « lapinisme phallocratique » – entraîne l’inflation démographique qui elle-même participe à la destruction de l’environnement.
D’après le Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies, la population mondiale a atteint 8 milliards d’habitant·e·s le 15 novembre 2022. Cette double exploitation masculine effrénée reste motivée par l’impératif implicite de la croissance économique éternelle et de la consommation, par la course à la productivité et aux profits. Or, les effets dévastateurs de l’illimitisme patriarcal majorent la menace démographique et écologique. En outre, il contribue également à la création et au maintien des inégalités de genre, mais aussi des inégalités entre pays industrialisés et pays en voie de développement.
Ce texte a été rédigé par les étudiant·es du master Études sur le genre